Bon, je m'étais dit que je n'écrirai pas d'articles, mais j'ai changé d'avis. Cette semaine à été riche en activités, partage, moments extraordinaires alors je me dois de la partager.


J'avais lu dans un grimper magazine l'existence d'un site d'escalade à 1h au nord de La Paz en Bolivie, mais il y avait 3 fois rien, juste quelques lignes. Quand pendant ma semaine de grimpe au Pérou on me reparle de ce spot en me disant que je dois absolument m'y rendre, je dis banco.


Après 2h de transport en commun depuis l'hôtel (bus collectif, téléphérique, mini bus), je me fais déposer devant la plus grande église de ce village de 300 ou 400 habitants. On m'avait dit de me rendre directement à l'église pour rencontrer le padre Antonio, prêtre mais grimpeur et alpiniste avant tout, pour chercher l'hospitalité. L'église étant fermée, je vois des bâtiments sur le côté et décide de m'y aventurer. Je rentre dans une grande cour avec mon gros sac, et une dizaine de personnes étaient là entrain de finir le repas. On m'aborde en espagnol, puis en anglais (c'est mieux !). Le padre est juste à côté, je lui dis que je suis venu pour grimper. On me propose alors de finir le repas avec eux, puis après 5 minutes, on me propose une chambre !


Je me renseigne pour l'escalade, mais pas beaucoup de grimpeurs dans le coin en ce moment. Je passe l'après-midi à réparer avec un autre français le chauffe-eau solaire en panne depuis 5j ... Après les dernières vérifications d'étanchéité, direction le repas, que toute la communauté prends en commun dans la cuisine (10/15 personnes en moyenne, des locaux habitant ici à l'année et des étrangers en mission humanitaire ou autre).


Mais ce soir c'est spécial, on me dit que le repas est décalé car il y a une messe pour célébrer les 20 ans d'engagement du prêtre. Celle-ci durera une bonne heure, avec des chants en espagnol accompagnés à la guitare. Sous sa tunique, le prêtre laisse juste dépasser ses Five-Ten ! Résolument moderne comme communauté ! Bon, viens l'heure de l'apéro, bière/vin/saucisson, puis du repas gargantuesque préparé pour l'occasion, et enfin du digestif local K'oa, liqueur préparée à base de Muna, dérivé de menthe. On me dit en rigolant que je ne dois pas m'habituer, les prochains repas seront plus 'normaux'.


Le lendemain j'essaye de prévoir un peu de grimpe. Le prêtre me montre les quelques feuilles d'un topo qui n'existe que depuis quelques temps, rédigé par Gemma et Gerard que j'ai rencontrés au Pérou ! Ça se présente pas mal, les seules personnes disponibles pour grimper sont deux français en fin de voyage qui donne de leur temps à la communauté.

Seul problème, dimanche c'est l'inauguration de la restauration d'une chapelle perchée sur une colline perdue, et l'artiste peintre en charge de ce travail colossal est à la bourre. On ira donc lui filer un coup de main le matin pour peindre les derniers détails et finir quelques frises.


L'après-midi sera finalement dédié à la grimpe, un bolivien nous accompagnant pour la découverte de ce site, pas très haut, mais éparpillé avec pleins de petites falaises de grès, au grip et aux couleurs déments ! De retour à la paroisse en fin de journée, deux autres français sont arrivés pour faire de l'escalade et de l'alpinisme,, ça tombe plutôt bien. La surprise du repas était la préparation de 6 pizzas géantes de 1m de long pour nourrir tout le monde, parfait après une bonne journée comme celle-ci !


Le lendemain matin, je repars grimper avec les 'nouveaux' le matin, mais j'ai prévu de partir dans l'aprem pour rejoindre La Paz le weekend et profiter des autres falaises. Après le repas du midi, le prêtre m'appelle et me demande quand je pars et si je compte revenir. Je lui réponds que je dois ensuite mettre le cap sur le sud de la Bolivie puis de l'Argentine, il est embêté, car il a un groupe à encadrer en escalade et il voulait en profiter pour reequiper quelques ancrages en sommets de voies. Je lui dis que si il a besoin, je peux revenir la semaine prochaine pour jouer du perfo et sécuriser ces relais, dont j'avais trouvé certains un peu limites. Il est ravi et je lui promets alors de revenir la semaine prochaine ... avec une bouteille de K'oa à la clé :)


Alors voilà, j'ai débarqué dans ce lieu paumé, sans être sûr de trouver quelqu'un ni de pouvoir grimper, mais en 48h, j'ai rencontré plein de gens, réparé un chauffe eau solaire, aidé à peindre une chapelle perdue sur une colline, assisté à une messe, grimpé 2 demi journées ... Hallucinant quoi ! Je pouvais donc pas m'empêcher de partager ces moments de bonheur, malgré la solitude et le manque de certaines personnes !